Magnifique photo d'une vigne
Publié le 21/07/2022

Continuer à valoriser les vieilles vignes

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Continuer à valoriser les vieilles vignes

Afin de prolonger le bénéfice des vieilles vignes du domaine, Brigitte Chevalier suit plusieurs stratégies : régénération naturelle des ceps, remplacement, et surgreffage en bourgeon sur copeau. Explications.

Prélèvement de greffons.

L’acquisition d’une parcelle de très vieilles vignes en mars 2011 nous a amenés à une réflexion importante sur la régénération des vieux ceps. Au départ, nous nous sommes laissés un à deux ans d’observation pour voir comment réagissaient ces vieux ceps sinueux ayant beaucoup souffert d’un manque d’entretien. La vigueur était hétérogène mais souvent très faible. Fallait-il raisonner en termes de rendements minimums pour acquérir une rentabilité ou évaluer si le potentiel qualitatif de ces très faibles récoltes assurait une valorisation suffisante ? Mais au-delà de ces considérations économiques, il y avait aussi et surtout l’envie de redonner vie à ces ceps et de préserver un patrimoine : la diversité d’une belle sélection massale et un système racinaire si profondément ancré dans des schistes sur une parcelle où la terre végétale est très limitée.

Rajeunissement d’un vieux cep sur rejet de porte-greffe et surgreffage aérien sur rejet de porte-greffe.

LA RÉGÉNÉRATION DES VIEUX CEPS

Notre entêtement continue dix ans après à essayer de limiter l’hétérogénéité et de renforcer la vigueur des ceps les plus faibles. Cette expérience nous a apporté des informations intéressantes.
L’observation des ceps reformés sur un gourmand montre bien l’impact très négatif des plaies de taille qui agissent en étranglement de la circulation de la sève. Les gourmands préservés au-dessus de la greffe et du sol, ont, eux, une grande vigueur, en comparaison avec les sarments du haut du cep. Tout nous laisse croire que le vieillissement des racines n’a rien de comparable avec le vieillissement des troncs qui serait dû aux nécroses liées aux plaies de taille.

Gourmand sur un pied de mourvèdre.

Le système racinaire même très ancien, semble très réactif dès que le fonctionnement aérien redevient normal. Malheureusement cette régénération du cep à la base nécessite un départ de gourmand, ce qui est très variable, voire aléatoire, selon les cépages. Si le cinsault donne beaucoup de gourmands, il n’en est pas de même pour le carignan.

LE REMPLACEMENT DES CEPS

Le remplacement des ceps reste toujours très aléatoire sous nos climats et nos résultats n’ont pas été très bons. A priori, l’ameublissement du sol même à la mini-pelle reste insuffisant, quand on compare la vigueur et l’implantation de jeunes vignes par rapport au remplacement : les jeunes vignes ont été profondément travaillées et l’implantation racinaire en semble très facilitée. Alors que dans les remplacements, la zone travaillée est moins grande et moins profonde. Notre choix d’utilisation de protections en plastique amène un effet de serre salutaire pour un développement rapide en tout début de végétation, période à laquelle nous avons plus de chance d’avoir de l’humidité dans le sol et où l’ombre portée des pieds environnants ne gêne en rien leur développement. Ces protections servent de nombreuses années pour plusieurs utilisations car ils sont résistants et très faciles à réemployer. Une vigilance est nécessaire avec les premières chaleurs. Un passage pour soulever les caches provoque une cheminée d’aspiration et évite l’échaudage de plants à l’intérieur.

Brigitte Chevalier
Domaine de Cébène
(© B. Chevalier)


LE PARTAGE DE BRIGITTE :

Greffage en bourgeon sur copeau sur rejets de porte-greffe

Les vieilles vignes ont souvent des pieds cassés avec des rejets de porte-greffe. Plutôt que de les arracher, nous avons choisi l’option de les regreffer. La même technique peut être utilisée pour un cépage qui a produit peu de gourmands. Il a parfois des rejets de porte-greffe quand la vigueur absorbée par le cep est trop faible. Le greffage aura toujours un effet de régénération. L’année précédente, une sélection de deux sarments sur une touffe de rejets parfois abondante favorise la préparation du greffage et donne de la vigueur aux sarments sélectionnés. La greffe en fente au niveau du sol est généralement très difficile, car on ne trouve pas un cylindre droit pour intervenir. Par contre, la greffe en bourgeon sur copeau (chip bud) donne de très bons résultats avec le scotch qui lui est spécifique. L’ajustement des cambiums est facile avec un greffon qui a souvent le diamètre du porte-greffe. Le soin particulier, habituel, reste nécessaire : ébourgeonnage, tuteurage, attachage, voire section du scotch pour éviter l’étranglement. Notre expérience s’est faite sans irrigation. Il faut éviter un arrêt de sève du porte-greffe et garder quelques feuilles au-dessus du greffon pour une continuité de l’activité de la plante jusqu’à l’apparition des feuilles du greffon.

Bourgeons sur copeaux pour une greffe chip-bud.
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