Vendanges avec une caissette rempli de raisins
Publié le 08/09/2022

Millésime 2022, une nouvelle aventure commence

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Millésime 2022, une nouvelle aventure commence

Ça y est, le moment tant important dans chaque vie vigneronne est arrivé ! Les vendanges se lancent et l’attention est à son comble. Dans ce dernier épisode, Brigitte Chevalier, nous livre les premières sensations liées à la récolte qui démarre…

Début des vendanges au domaine de Cébène.

PRÊTS ? PARTEZ !

Jusqu’à maintenant on avait plutôt l’impression d’un entraînement, d’une préparation. Mais tout en arpentant les vignes et en dégustant les baies, on sentait bien que le rendez-vous approchait. Et soudain, c’est comme l’entrée dans l’arène, tous les sens sont en éveil pour anticiper les évolutions et imaginer comment les mettre en valeur ! En quelques instants, après dix longs mois d’attente, va se passer l’essentiel du millésime qui va naître. Sans être interventionniste, en travaillant de façon nature, il reste encore beaucoup de choix et de paramètres à définir : les dates des récoltes, les extractions, les températures, les durées de cuvaison, les sélections parcellaires. On s’interroge sur ce que l’on peut garder dans les profils des millésimes précédents et sur ce que l’on veut faire évoluer. Le 1er septembre, nous avons commencé à vendanger les grenaches, rentrant dans la composition d’une des cuvées issues d’un terroir extérieur à Faugères.

QUELQUES PLUIES BIENVENUES

La climatologie de l’année nous a encore réservé des surprises ces dernières semaines. Après quatre mois sans eau, un orage de 75 millimètres suivi de 20 mm quelques jours après ont apporté à la vigne ce qu’elle attendait depuis longtemps. Avec la sève d’août, la croissance végétative est repartie et elle profitera plus à l’équilibre du cep et à la maturation des raisins qu’à l’augmentation de la quantité.

Croissances des rameaux fin août.

Les petits grains de la taille de petits pois n’ont rien changé de leur physionomie alors que les baies qui avaient bien supporté cette grosse chaleur ont repris du volume. La maturation des raisins est restée assez hétérogène, en fonction de l’alimentation en eau et de la vigueur des ceps. Cette hétérogénéité que l’on a vu apparaître dès la véraison se prolonge même à l’intérieur de la grappe.

S’ADAPTER AUX CARACTÉRISTIQUES DES RAISINS

Les premières mesures au réfractomètre ont été plutôt optimistes. Il est vraisemblable que l’aspect pulpeux des raisins en ait modifié quelque peu la lecture. En effet, les degrés analysés au laboratoire se révèlent inférieurs à ceux de ces lectures. Dans cette année très chaude, la maturité phénolique est retardée par rapport à la maturité des sucres. Mais ce retard n’est pas aussi marqué que ce que l’on pouvait craindre dans notre exposition nordiste. Les maturations évoluent très lentement depuis quelques semaines avec le refroidissement des sols suite à la pluie et des ensoleillements très souvent entrecoupés d’averses. Les pH sont en dessous des prévisions de l’année, même si l’acide malique est généralement faible. Les volumes seront inférieurs à la moyenne des dernières années, la taille des grains étant très faible. Nos parcelles ont bien résisté au stress hydrique dans la mesure où l’arrêt de croissance a été très précoce (2e quinzaine de juin au lieu de mi-juillet). La surface foliaire (et la pompe à eau) est plus faible. On ne constate ni feuilles jaunes ni échaudages.

Une nouvelle saison commence, après une année mouvementée, chahutée, dans un contexte climatique que nous souhaitons tous le moins fréquent possible. Nous avons éprouvé beaucoup de plaisir à partager nos impressions sur ces quelques mois avec vous tous. Merci de nous avoir suivis. Bonnes vendanges à tous !

Cuve en fermentation.

Brigitte Chevalier
© B.Chevalier


LE PARTAGE DE BRIGITTE :

Une vinification adaptée au millésime

Domaine de Cébène à Faugères, Hérault, Occitanie

Les décisions s’effectuent au jour le jour selon la dégustation et les résultats sur les 1res cuvées. En 2021, des pluies régulières modérées, mais réparties sur tout l’été, ont amené des tailles de baies très supérieures aux moyennes. Nos efforts avaient été de trouver une méthode de vinification pour préserver la profondeur et la matière des vins et éviter un caractère de dilution. 2022 s’annonce avec un rapport pellicule/jus supérieur. Il est difficile d’en imaginer les conséquences, notamment sur la structure tannique, avant notre dégustation quotidienne au chai. Jour après jour, nous aurons une idée plus précise.

L’arbitrage pour le millésime sera de choisir une date de récolte, à juste maturité, pour la fraîcheur des arômes en limitant l’extraction des polyphénols peu mûrs ou bien de s’approcher de la limite des arômes surmûris afin d’envisager une extraction plus importante. Notre attention se portera sur les niveaux de température et la douceur des extractions pour éviter austérité et dureté des tanins. Dans un moment aussi important, où le vin prend forme en quelques semaines, nous espérons ne jamais voir l’intelligence artificielle s’immiscer dans les prises de décision des vignerons et entraver leur créativité, autant pour le vin lui-même que pour le plaisir que nous avons à le faire naître.

Brigitte Chevalier et le plaisir de créer les vins.
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