Magnifique photo d'une vigne
Publié le 10/06/2022

Travaux de saison, à la main… et zoom sur le gobelet

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Travaux de saison, à la main… et zoom sur le gobelet

La configuration du domaine de Cébène implique la réalisation de nombreux travaux manuels. Et en pleine saison, cela ne manque pas. Brigitte Chevalier explique aussi pourquoi la conduite en gobelet reste le choix majoritaire pour ses vignes.

La conduite en gobelet, majoritaire à Cébène. (© S. Chapuis)

BEAUCOUP DE TRAVAIL MANUEL

Ces dernières semaines, de nombreux travaux, essentiellement manuels sont réalisés : révision des tuteurs en châtaignier pour les jeunes vignes conduites en gobelet, et attachage quand cela est nécessaire, remplacements de pieds morts si besoin. Fin mai, avec l’arrivée des grosses chaleurs nous retirons les caches des remplacements. Ces caches assurent un rôle essentiel d’effet de serre au démarrage de la végétation. Ils favorisent un développement rapide des jeunes plants pendant une période humide. Mais quand les grandes chaleurs arrivent, ils peuvent provoquer la brûlure des plants : il faut les retirer. Du côté de l’herbe, nous détruisons les vivaces, en particulier des ronces, des inules visqueuses voire de quelques plantes de garrigue. Le relevage des fils au fur et à mesure de la croissance des vignes de syrah est également au programme. Et la tonte sur le rang à la débroussailleuse et au gyrobroyeur assure une limitation de la concurrence en eau, ce qui est indispensable vu l’année très sèche que nous avons jusqu’à présent.

Attachage des gobelets sur du mourvèdre et relevage des syrahs. (©B.Chevalier)

LE GOBELET, UN HÉRITAGE MÉDITERRANÉEN

À Cébène, il reste beaucoup de cet héritage sur les carignan, grenache et mourvèdre achetés au moment de la création du domaine. Dans les années soixante à quatre-vingt, les vignerons conduisaient en gobelet les vignes qui avaient un port érigé. De nos jours, certaines de ces vignes n’ont toujours pas été transformées en cordon de Royat dans les parcelles où la récolte n’est pas mécanisée. Et l’on trouve ainsi encore de nombreuses vignes sur les coteaux languedociens conduites en gobelet. Nos vieux gobelets méritent une attention particulière pour préserver une vigueur suffisante. Il est souvent nécessaire de recéper, si l’on constate un empilement de plaies de taille qui gênent la circulation de la sève. (Nous reviendrons dans un autre article sur nos travaux de rajeunissement des ceps).

DES PLUS-VALUES

Cette conduite en gobelet présente plusieurs avantages : des coûts de culture moindres grâce à un gain de temps à la taille avec des ceps plus accessibles, pas d’attachage des baguettes ou des bras, pas d’entretien d’espalier ni de relevage. Le rayonnement solaire est capté de façon très différente que sur une vigne conduite en espalier où l’on a parfois le risque d’un entassement de végétation. D’autre part, l’orientation des rangs n’a pas une importance capitale et peut être décidée en fonction de la forme de la parcelle et non pas par rapport à une orientation idéale pour l’éclairement des feuilles et des raisins. Nos parcelles de vigne en gobelet sont réparties au sommet de la collinette de Cébène dans des orientations de rangs sud/nord et aussi est/ouest. L’orientation des rangs a été faite à l’époque dans la recherche d’optimisation du travail du cheval, et de l’utilisation de la superficie donnée. Il y a quelques années, nous avons choisi sans hésiter le gobelet pour la plantation de deux nouvelles parcelles de carignan et mourvèdre. Dans la majeure partie des cas les raisins se retrouvent dans une exposition très favorable, ombragés quand les rayons du soleil sont verticaux et légèrement ensoleillés quand le soleil est bas, au lever et coucher. Il n’y a pas sur le domaine de vigueur excessive qui contraindrait à des écimages fréquents ou qui pourrait assurer une couverture du sol défavorable au microclimat des raisins.

Port érigé de carignan.

Brigitte Chevalier
© B.Chevalier


LE PARTAGE DE BRIGITTE :

Adapter les traitements

Malgré un traitement au soufre et une période très sèche, nous constatons quelques impacts de black rot sur feuilles de grenache. Nous n’avions pas apporté de cuivre en début de période de traitement en l’absence de foyers primaires de mildiou (et car la période était sèche). Le soufre seul, appliqué pour éviter l’excoriose au débourrement, est intervenu trop tôt. Les conditions météo d’extrême sècheresse ont évité le développement de foyer primaire de mildiou. L’oïdium reste une menace en début de végétation sur certains cépages tels que le carignan, alors qu’il apparaît beaucoup plus tardivement sur les autres. Notre technique est un poudrage à la boîte en apportant des petits paquets de soufre en début de végétation sur le cep. Il ne brûle pas avec les températures de cette période de l’année et a une action prolongée qui lui donne une grande efficacité.

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